Grasse matinée

Par Alvaro Valderrama

Jacques Prévert est un écrivain né à Neuilly en 1900. Son premier recueil de poèmes publié, Paroles (1900) est suivi d'un grand succès. Dans ce recueil l'auteur nous montre plusieurs thèmes récurrents de sa poésie dont notamment l'amour, l'éloge de la paix ou la liberté et de fortes critiques de la religion ou de la politique bourgeoise.
      En effet, le poème "La Grasse Matinée" nous raconte par des efficaces vers libres l'histoire l’histoire d'un homme pauvre, voir même un vagabond, qui est prisonnier d'une société que se moque de lui et de ses problèmes. L'auteur nous mènera à comprendre comment cette société pousse notre homme à commettre un assassinat pour obtenir une somme dérisoire.
      On cherchera donc à prouver à travers un étude approfondi que ce poème es une dénonciation forte et efficace d'une société déshumanisée et déshumanisante.
      Pour cela on étudiera tout d'abord le portrait de notre homme pour ensuite s'intéresser à la vision donnée de la société.



      Notre personnage principal, le vagabond, apparaît dans le poème pour la première fois au vers 4, <<l'homme>>. Le déterminant défini <<l'>> nous fait plutôt penser à l'Homme, pas à un seul homme en particulier mais à n'importe quel homme dans ça situation. cela continue à se vérifier dans le reste du poème: à aucun moment on ne connaît le nom de notre personnage, il pourrait être n'importe qui.
      Si son identité reste inconnue, on voit que son physique  commence à se révéler: ça<<tête de couleur poussière>> (vers 10), une tête couleur grise peut-être nous montre que l'homme à qui on a affaire es plutôt âgé. De plus, cette métaphore nous apprend une autre chose: la poussière est le représentant du manque d'hygiène, de la saleté et l'auteur veut nous montrer que l'homme, ce vagabond est sale, il n'a pas accès à l'hygiène. Aussi la poussière représente une éphémère incommodité, personne n'aime la poussière, mais un rapide nettoyage avec la main l'élimine; un homme a tête de poussière nous représente ces deux caractéristiques: c'est un des déchets de la société que s'accumule lentement, un homme fragile que sera éventuellement nettoyé, éliminé.
     Cette notion de fragilité sera confirmée vers la moitié du poème par des nombreuses anaphores: <<un deux trois>> (vers 24 et 25), <<trois jours>> (vers 27 et 30) et <<trois nuits>> (vers 31) <<sans manger>> (vers 32). Notre vagabond n'a pas mangée depuis trois jours. Les nombreuses anaphores nous montrent que c'est ne pas la première fois, les répétitions nous dissent qu'il a déjà passe plusieurs fois des jours et de jours a jeun. Probablement il est maigre, affaibli. Au vers 4 et au vers 6, <<l'homme qui a faim>> aussi nous fait penser à un homme maigre et inconnu, il ne nous semble pas un homme en particulier, mails l'ensemble d'hommes qui ont faim.
      Cela nous rapporte nouvellement à la généralité de ce personnage pas nommé par son nom. On se rend compte que ce personnage est faiblement décrit physiquement: une seule description directe et une ou deux informations qu'on peut en déduire. Pour une nouvelle fois le personnage ne nous semble pas une personne en particulier mais un homme générique, un représentant avec des traits en commun a l'ensemble d'hommes dans sa situation. Ce procédé permet au poète de donner une universalité à son propos.

      Pour compléter l'étude du portrait du vagabond on va maintenant s'intéresser à son portrait psychologique.

      Dès le vers 6 on commence à trouver des indices su le portrait psychologique du vagabond. Ce vers finit en matant l'accent sur <<six heures du matin>>. Le vagabond est devant la vitre d'un grand magasin à six heures du matin; la disposition du vers insiste sur cette heure insolite à laquelle un vagabond se regarde sur la vitre du grand magasin. Il nous semble donc perdu, un peu désorienté peut être, même seul. De plus, ce fait crée une forte opposition, voir même un paradoxe, avec le titre du poème. Être levé à six heures du matin ne constitue jamais le début d'une grasse matinée. On commence a voir en lui un décalage avec au moins le titre du poème.
      Puis, au vers 12, <<il s'en fout de sa tête l'homme>>, nous montre une indifférence que ressent l'homme vis a vis de lui-même. Cette indifférence se voit renforcée par l'usage de <<s'en fout>>, vocabulaire familier beaucoup plus fort qu'une autre expression d'un niveau plus soutenu.
      Après, au vers 16, on ne voit plus sa tête mais <<une tête de veau>>. Ce parallélisme nous montre un processus de déshumanisation du vagabond. Il commence à devenir plus animal qu'humain. De plus, <<tête de veau>> nous fait penser à un homme de moins en moins conscient, peut-être il ne peut plus penser. La faim transforme la rationalité en instinct, l’homme est animalisé.
      Une gradation de verbes de la pensée nous confirme cela: <<il n'y pensa pas / il songe/ il imagine>> (vers 12 à 14). Le vagabond ne peut plus penser, il peut seulement s'imaginer une tête de veau, la faim l'oblige à ignorer se tête d'homme, et à la place voit une tête de veau, sa tête de veau. Le vagabond, obsédé, famélique, commence à halluciner, sa tête devient la tête de veau qu'il veut manger mais qu'il ne peut pas payer. Le vagabond glisse de la réalité vers la folie.
      Après, l'anaphore de <<doucement>> (vers 19, 20 et 21) qui décrit les gestes de l'homme sont en opposition avec le raccourcissement des vers et l'accélération du poème. La répétition de <<doucement>> en opposition aux vers plus courts nous montre que l'homme, qui semble tranquille, ne l'est pas vraiment, dans son cerveau la folie s'accumule. Ce chaos don son cerveau continue à croitre le long du poème par l'accélération des vers et par la répétition de <<un brouillard de mots>> (vers 44 et 45) qui décrit <<l'intérieur de sa tête>> (vers 43) qui est en agitation constante.
      De plus une répétition chaotique d'aliments nous montre le point culminant de son désespoir: <<pâtés>> (vers 34), <<poissons>> (vers 35), <<café-crème et croissants chauds>> (vers 41), <<sardines à manger>> (vers 43), <<œuf dur>> (vers 47), etc.
      Finalement, toute cette folie culmine avec une paronymie entre "café-crème arrosé rhum" et <<café-crime arrosé sang...! >> (Vers 51). Cet vers d'une grande violence montrée avec la ponctuation (presque nulle dans le poème) et par la présence de <<crime>> et <<sang...!>> est fondamental dans le poème. Cette paronymie nous montre le moment précis où l'imaginaire devient réalité pour le vagabond, l'instant même où manger et tuer se confondent dasn sa tête, instinctivement, obsédé par la faim et la présence d'aliments en abondance. Ainsi, la faim a rendu notre vagabond fou et assassin.

      On a ainsi vu premièrement comment est physiquement notre vagabond, ensuite les conséquences de la faim sur sa santé mentale. Mais, est-ce le seul facteur agissant sur sa transformation ? Pour répondre à cela on étudiera maintenant le rôle joué par la société dans sa folie. Pour cela on étudiera d’abord l'abondance dans cette société, puis le manque de partage.


      Dans le poème on retrouve plusieurs références à des lieux représentant l'abondance. Au vers 2 et après au vers 61 on retrouve le <<comptoir d'étain>> qui nous fait penser à un bar, la maison des boisons de tout type et aussi d'aliments. Par après, le vers 8 finit par <<grand magasin>>. Cela met l'accent sur le grand magasin, le représentant de la variété et l'abondance. Finalement, au vers 11 <<chez Potin>> qui montre de nouveau un lieu d'abondance mais maintenant d'un type d'abondance plus spécifique au champ de la nourriture. Ces trois lieux représentent tout le cadre spatial, toute la société qui contient le vagabond est définie par ces lieux d'abondance, où tout se trouve a quelques francs de distance.
      Pour finir l'abondance de la société on trouve dans le poème des longues listes et énumérations d'aliments: <<ces pâtés ces bouteilles ces conserves / poisons morts>> (vers 34) ou <<croissants chauds>> (vers 41).  On remarque la pluralité des aliments, tous sont au pluriel, ce n'est pas une conserve, ce sont des conserves; la large liste d'aliments au pluriel nous fait penser à une énorme quantité d'aliments, il n'est pas difficile de voir l'intérieur d'un grand magasin avec le stock énorme d'aliments varies.
      Mais on verra que cette abondance reste un privilège qui n’est pas pour le vagabond.

      Le grand magasin et Chez Potin, les représentants de l'abondance, sont regardés par le vagabond depuis une vitre: <<la glace du grand magasin>> (vers 8) et <<dans la vitre de Chez Potin>> (vers 11). L'abondance de cette société est visible mais pas accessible. C'est <<derrière ces vitres>> (vers 33) qu'on retrouve <<ces pâtés ces bouteilles ces conserves>> (vers 34). Cette société où l'on peut voit mais pas obtenir crée frustration, une frustration qui vient déstabiliser le vagabond.
      Mais encore, pour arriver aux <<poissons morts>> (vers 35) que veut manger le vagabond, il devrait passer par un enchaînement de barricades: des <<boîtes>> (vers 35 et 36), puis des <<vitres>> (vers 36 et 37), encore les <<flics>> (vers 37 et 38) et finalement la <<crainte>> (vers 38). Chacun de ces éléments de défense es défendu par un autre et ainsi pour le vagabond, obtenir les misérables sardines est impossible: l'angoisse l'envahi. La faim qu'il porte dans son ventre depuis trois jours pousse aussi, et le désespoir de ne pouvoir rien faire face à une société d'abondance l'obsèdent. Il lui faut simplement <<le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain>> (vers 81) pour transformer un café-crème en café-crime. L'assassinat.



      Ainsi, à travers l'étude du portrait physique et psychologique du vagabond et de la caractérisation d'une société d'abondance mais qui rend fou, on réussit à voir la forte critique faite par Prévert aux sociétés et politique bourgeoises qu'oublient ceux qui n'ont pas de ressources pour vivre. Il serait intéressant de comparer ce poème avec le livre Claude Gueux  de Victor Hugo, où un homme qui doit voler du pain pour vivre est emprisonné, et après être lentement provoque finit par commettre un assassinat et est condamné a mort.

 

GRASSE MATINÉE

 

UNE SOCIÉTÉ DÉSHUMANISÉE

Fernanda León
1ère S.

 

Nous allons étudier une poésie de Jacques Prévert, « La grasse matinée ». Ce poème est tiré de Paroles, publié en 1946. En tant que poète qui célèbre l’amour, la paix et la liberté, Prévert aussi dénonce la religion et la politique bourgeoise à travers ses poèmes et sa simplicité.
Donc on pourrait associer ce poème à une critique à la société parce que « la grasse matinée » nous raconte l’histoire d’un vagabond qui, après n’avoir pas mangé pendant 3 jours, tue quelqu’un seulement pour le fait de sa solitude et le fait que la société l’a ignoré.

Dans le but d’étudier cette poésie nous tenterons de répondre à la problématique suivante, comment l’auteur montre une société déshumanisée et déshumanisante?  Pour répondre à notre problématique d’ensemble, nous verrons dans une première partie le portrait du vagabond puis en second lieu et finalement, la manière dont est dépeinte la société.

 

Nous constatons la présence d’un personnage, d’un homme, qui représente tous les hommes de la société qui se trouvent à cette situation, à cause de l’utilisation du pronom déterminant indéfini « l’ » au vers 4, 5 et 6. À cause de la métaphore présente au vers 9 « tête couleur de poussière » on se rend compte que sans doute c’est un homme âgé et qu’on peut comparer la poussière avec la manque d’hygiène donc on sait que c’est un homme sale. On sait qu’il s’agit d’un homme maigre à cause du vers 26 « trois jours sans manger » et de l’anaphore du vers 25 « un deux trois » qui insiste que l’homme n’a rien mangé. On remarque qu’il y a assez peu d’information sur le portrait physique de l’homme, du vagabond. Il n’est jamais nommé. On déduit que ce n’est pas seulement un homme, sinon « l’ » homme qui représente tous les vagabonds.

 

Si on ne trouve presque rien à dire sur le portrait physique, on se plonge sur le portrait psychologique du vagabond. On peut partir avec un paradoxe avec le titre qui se trouve au vers 7 « six heures du matin ». L’homme est perdu, il se regarde à une heure insolite, le contraire à une grasse matinée. L’homme est seul et il « s’en fou », il est indifférent de lui même et pour ça on utilise le registre familier. La solitude tend à rendre aux hommes des gens obsessifs et ça on le voit au vers 13, 14 et 15 avec une succession de verbes de la pensée « il n’y pense pas, il songe, il imagine une autre tête » qui centrent toute son attention qui est mobilisée par le faim, ce qui montre son obsession. L’obsession aura des conséquences pour l’homme et il commencera à avoir des hallucinations come « tête d’homme, tête de veau », la folie s’approche. La folie se montre comme confusion chez le vagabond, comme un « brouillard de mots » au vers 44 et 45. Et cette confusion, cette grande folie continue à grandir, du vers 46 au vers 50 on repère une répétition constante d’aliments : « sardines à manger, œuf dur café-crème, café arrosé rhum, café-crème, café-crème ». Finalement au vers 50 on constate un jeu de mots « café-crime arrosé sang » qui joue un rôle fondamentale, ce jeu de mots nous montre la perte totale de conscience de cet homme. Son obsession par le faim l’a conduit à un geste fou.

 

Ce personnage perdu, seul, obsessif, fou est installé dans une société. Comment cette société permet que des hommes se trouvent dans cet état là ? Est-ce que c’est une société déshumanisée ? Cette société à un but lucratif, c’est une société abondante. Déjà au vers 8 on trouve « un grand magasin ». En plus le vers 11 nous enseigne « la vitrine de chez Potin » qui est le nom d’une enseigne de grand magasin. Au vers 34 on fomente l’abondance avec une énumération d’aliments avec tout au pluriel, tout en abondance « ces pâtes, ces bouteilles, ces conserves ».

Est-ce que l’abondance est la meilleure décision pour faire croître la société ? Où est-ce que l’abondance rend fou les gens ? L’exemple du vagabond est le meilleur exemple pour affirmer que la société se trompe. On nous met la « glace » vers 8, la « vitrine » vers 11, et des « vitres » vers 73 par tout et pour nous rendre fou. La répétition de ces termes dans le poème nous montre une société qui repose sur la frustration des gens. Les aliments sont à la vue de l’homme, mais ils sont inaccessibles pour lui.

 

Pour conclure, on constate que Jacques Prévert guide très bien ce qu’il veut nous montrer à travers se simple poème de vers libres. C’est un poème simple, mais engagé, qui fait une critique à la société qui est déshumanisée et déshumanisante. On trouve dans le poème une société superficielle, matérialiste qui met de côté les gens qui ont des mauvaises conditions de vie comme le vagabond qui nous présente. D’une manière implicite, l’auteur veut nous montrer son idéal de société. Pour lui, tout le monde devrait avoir des opportunités, il faudrait améliorer la qualité de vie des personnes et il faudrait avoir une société plus juste. La société ne devrait pas déshumaniser les gens en les faisant arriver à des limites de commettre des crimes seulement pour avoir un peu de nourriture. Avoir une bonne qualité de vie, devrait être un droit et pas un privilège. Prévert cherche un changement à la société.