Chapitre XXIII

Émile Zola, le grand maître du naturalisme, écrit de nombreuses œuvres où la nature humaine est nue devant nos yeux. Le chef-d’œuvre de Zola, la série des Rougon-Macquart, est constitué de 20 romans où Zola étudie le comportement humain et la théorie du déterminisme social.
    Thérèse Raquin est écrite avant que Zola se plonge dans l'écriture des Rougon-Macquart. Ce roman traite de Thérèse, une femme énergique, mariée avec Camille, un homme faible, en opposition avec Thérèse. Thérèse tombera amoureuse de Laurent, ami de Camille, ils deviendront amants et puis tueront Camille pour se marier. Le souvenir du meurtre les poursuivra et fera de leur vie un calvaire. Dans cette scène on assiste au moment où Thérèse et Laurent, seuls dans leur chambre essaient infructueusement de chasser leurs terreurs dues au meurtre en s'aimant.
    A travers l'étude approfondie de cette scène on cherchera à voir en quoi cette scène nous montre le but moralisant du récit. Pour cela on étudiera dans une première partie si cette scène est réellement une scène d'amour, puis on étudiera la présence du fantastique dans la scène pour finalement étudier le manque d'échappatoire pour les meurtriers.


I. Une scène d'amour?

1) Une scène d'amour et de souffrance.
Les deux époux sont la nuit dans le lit: cela représente généralement une scène d'amour.
Mais on voit rapidement que cela n'est pas ainsi.
En premier on trouve le long de la scène le champ lexical de la souffrance: <<plainte>> l9, <<horreur>> l23, <<souffrances>> l 26, <<criaient de douleur>> l 27...
l1 <<baisers affreusement cruels>> cette association de l'amour et de la souffrance nous montre l’aspect convulsif de leur relation où tout les ramène au crime.

l8 Thérèse en baisant Laurent <<se brula les lèvres>> cette métaphore nous montre que les baisers causent de la souffrance a Thérèse[mp1] .
l10 Laurent <<lui semblait qu'on lui appliquait un fer rouge>> au lieu ou Thérèse le baisa: Laurent les baisers lui causent aussi de la souffrance: les deux meurtriers ne peuvent pas s'aimer sans souffrir, leurs baisers seront toujours des <<baisers affreux>> l31

    Apres avoir étudié cette souffrance par l'amour, on verra que cet amour est présenté sous forme de bataille.

2) un amour en forme de bataille.

La violence se présente dans l'extrait: <<Laurent la repoussa violemment>> l9, <<elle eut la pensée de morde son mari [...], d'arracher un large morceau de chair>> l 15. On voit qu'entre les deux époux plutôt que de l’amour on trouve de la violence.
<<Laurent défendait son cou>> de Thérèse, comme s'ils étaient dans un duel
<<Ils luttèrent ainsi>> l23 nous montre explicitement cette lutte.
Ils rentrent dans des <<étreintes terribles>> l 27, puis <<ils se lâchèrent un moment>> comme si c'était deux chiens que se mordent[mp2] .

    On a vu ainsi comment cet amour est violent telle une bataille, un duel; maintenant on va voir que l'amour est aussi aperçût comme un outil.

3) L'amour comme un outil.

L'amour est vu par les époux comme un outil:
<<les meurtriers dormiraient en paix>> l5 (pensées de Thérèse) ils pensaient que l'amour servirait pour leur faire oublier leurs souffrances.
Thérèse voulait <<cautériser le mal sous le feu de ses caresses>> l7. Cette métaphore nous montre l'intention de détruire le mal de leur vie en s'aimant.
<<Ils ne voulaient pas être vaincus>>, désir au moins redoutable dans le lit marital: l'amour est vu comme une compétition, qui pourrait leurs donner un prix en la gagnant. L’amour est fait pour un but.
<<ils tentèrent ainsi de triompher de leurs dégouts>> l40 nous montre nouvellement que l'amour est vu comme un outil pour réussir quelque chose.


    On a ainsi vu comment cette scène a priori d'amour ne l'est pas ainsi: l'amour est de la souffrance, l'amour est un duel ou l'amour est un outil, mais pour ces meurtries l'amour n'est plus amour.  Maintenant on étudiera la présence du fantastique le long de la scène.

II. La présence du fantastique.

1) Une scène dans l'enfer.

Les deux époux se trouvent tel que sur l'enfer:
Thérèse se <<brûla les lèvres>> l38 lorsque Laurent <<lui semblait qu'on lui appliquait un fer rouge sur le cou l10. Dans ces deux citations on voit une forte présence du feu et la souffrance qui nous fait penser à l'enfer.
<<Il éprouvait des cuissons trop dévorants>> l 21 métaphore qui nous fait penser aux châtiments de l'enfer.
<<Ils se brulaient>> l 27 comme deux pécheurs dans l'enfer.
Ils sentaient que <<des pointes rougies étaient entres dans leurs membres>> l39, on voit de nouveau qu'ils éprouvaient des souffrances de l'enfer.

Après avoir vu l'enfer dans la scène, on va voir la présence de Camille.

2) la présence de Camille.
Au début Camille n'est qu'un souvenir <<peau où c'était enfoncées les dents de Camille >> l 13.
Mais au cours du récit il devient plus présent dans leurs hallucinations.
<<ils imaginaient que le noyé les tirerait par les pieds et imprimait au lit des violentes secousses>> l 33 Camille entre en scène et interfère dans l'acte amoureux (il secoue le lit, représentant de l'acte amoureux)
puis à la fin il devient carrément un autre personnage lorsqu'il entre au lit dans le dernier paragraphe.
<<Noyé, qui se glissait de nouveau sous le drap>> l 55  et qui termine entre les meurtriers <<en sentant le froid du cadavre>> l 67 qui s'allongeait entre eux.

Maintenant qu'on a vu la forte présence de Camille dans l'extrait on va étudier la perte de la santé et la raison que vont vivre les meurtriers.

3) La perte totale de la santé et de raison.

Leurs corps vont commencer à collapser: <<ils ne pouvaient apaiser leurs nerfs épouvantés>> l 39
<<ils avaient des [...] révoltes nerveuses invincibles>> l 36. Cela pourrait expliquer en partie les douleurs surnaturelles qu'ils vécurent.
Ils sentirent même <<tomber du haut mal>> l 50, expression pour les crises d'épilepsie : on voit qu'ils n'avaient plus de control de eux-mêmes.
Ils perdent aussi la raison: plusieurs hallucinations <<il leur sembla entendre les dires [de Camille]>> l 54 ou << Camille s'étendit doucement entre eux>> l 57. Dans la dernière on voit l'absence de modalisateur et l'adverbe doucement -> le fait semble naturel, non fantastique: les meurtriers ont décollé totalement de la réalité et vivent à présent dans un effrayant monde fantastique.


    Après avoir vu la présence du fantastique dans l'extrait on va voir que ce monde fantastique et effrayant où ils se trouvent n'a plus d'échappatoire

III. Un enfer sans échappatoire

1) Le triomphe du noyé.

Dans le dernier paragraphe on voit bien le triomphe de Camille. On peut <<entendre les rires de triomphe du noyé qui glissait de nouveau sous les draps avec des ricanements >> l 55. Le noyé reprend sa place en se moquant des meurtriers, <<ils étaient vaincus>> l 57. <<Camille s'étendit doucement entre eux>> l 57, reprenant sa place <<en maitre légitime>> l 61. C’est sa <<victoire>> l 60.

On verra que non seulement le noyé a triomphé  mais qu'aussi le couple se soumettra à ce triomphe.

2) La soumission du couple.

Le couple pleure l'échec: <<ils se mirent a sangloter>> l 52, <<dans leurs sanglots>> l 53, <<Laurent pleurait son impuissance et [...] Thérèse tremblait>> l 57
ils furent vaincus: <<ils n'avaient le chasser du lit, ils étaient vaincus>> l 54
ils étaient impuissants, <<ils avaient tenté un moyen suprême>> l 62 et même ainsi pas réussit, ils étaient vaincus pour toujours. Ils n'avaient plus d'échappatoire
<<ils versaient des larmes de sang>>  l 69, métaphore qui nous montre qu'ils pleuraient une mort, peut-être l'assassinat de Camile ou la mort d'eux-mêmes qu'est ainsi annoncée. <<ils se demandaient avec angoisse ce qu'ils allaient devenir>> finit l'extrait en nous montrant leur désespoir et le fait qu'ils n'étaient plus maitres d'eux-mêmes.

Maintenant, après avoir étudié la soumission, on finira par étudier les différentes condamnations présentes dans l'extrait.

3) les condamnations des meurtriers.

Apparition de plusieurs allusions aux condamnations.
-<<un fer rouge sur le cou>> l 16 fait penser aux marques faites aux criminels
-<<ils se brulaient>> l 28 nous fait penser à la brulure des sorcières et hérétiques
-<<plonger plus profondément dans l'épouvante>> l 66 plonger nous fait penser aux tortures du moyen âge où l'on plongeait des gens dans l'eau pour les priver de l'air.
Le plus intéressant c'est que ces trois sortes de châtiments sont causes par eux-mêmes: on peut voir une annonce de la fin.



    On a ainsi vu comment l'extrait, en nous montrant la destruction de l'amour, la présence du fantastique effrayant et l'impossibilité d'échapper a ce fantastique réussit a nous montrer le but moralisant de cet roman. Il serait intéressant d’étudier sous la même approche la scène finale du roman ou les meurtriers finissent par se tuer l'un a l'autre.

 

 

Alvaro, Juan Carlos, Tomas


 [mp1]Ce sont également des restes de la passion ardente qui les a unis

 

 [mp2]Insister plus sur le rapport « animal » qui s’établit entre eux.