Corona – Heine – Silva

1ère L

 

Commentaire

Des Cannibales.

 

L’écrivain et humaniste français Michel de Montaigne (1533- 1592) publie après vingt ans de rédaction dans le château de son père entre 1580 et 1588 son oeuvre intitulée “Essais”, qui combine des remarques générales et une analyse approfondie de sa vie et de ses idées. L’extrait étudié, qui comporte une visée argumentative, appartient au livre I, chapitre XXX intitulé “Des Cannibales”, dans lequel Montaigne compare  la “ barbarie” et la civilisation associée aux peuples amérindiens au cannibalisme qui se déroulait en Europe pendant les Guerres de Religion au XVI siècle.

De quelle manière l’auteur défend les amérindiens et leur mode de vie et remet en question l’idéologie de la société européenne  au travers d’une opinion personnelle?

Pour cela, nous verrons dans un premiers temps la conception de barbarie et la défense des amérindiens proposée par l’auteur, puis les deux visions de violence desquelles on parle, et finalement, l’opposition entre Amérique et Europe par rapport au concept de civilisation.

 

Axe I Conception termes barbarie et défense des américains.

Dans un premier temps,

→ dès le début Montaigne défend les amérindiens (pendant tout le long du texte mais principalement au début où il présente sa thèse) “Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation.” (l.1-2). De cette manière il présente sa thèse et la défend.

à “sauvages” et “barbaries” à Montaigne rejette ces 2 termes qui sont attribués aux indiens. Il refuse la connotation péjorative employée par les européens.

→ Pour européens → amérindiens = sauvages, barbares, inférieurs à cause de l’incapacité d’avoir une civilisation comme la sienne. Messages avec une morale pour critiquer les européens: “Comme de vrai, nous n’avons autre mire de la vérité(...) nous sommes.” (l.3-4) → il dit donc que les européens se trompent lorsqu’ils critiquent les amérindiens.

Au début il y a la négation restrictive «  ne que... n’avons » exprime l’idée que les européens sont liés à leurs propres coutumes donc pour eux toutes les autres coutumes sont mauvaises

→ Grâce à la définition de barbarie, on sait que les amérindiens ne sont pas inférieurs, mais même supérieurs. “Sinon que chacun appelle barbarie, ce qui n’est pas de son usage.” (l.2-3) à l’anthropocentrisme (se centrer sur leurs propres coutûmes) à “sinon que” démontre opposition en function d’autres cultures sous son propre critère et aussi c’est un marque qui désigne l’argumentation.

Répétition du terme “parfait” avec insistance → “Là es toujours la parfaite religion, parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses.” (l.5) → hyperbole “toujours” et signe de continuité. Les peuples amérindiens sont parfaitement civilisés.Ce vocabulaire mélioratif va s’opposer au vocabulaire péjoratif de la suite. Le vocabulaire péjoratif va mettre en évidence l’aveuglement de l’ethnocentrisme des européens. 

 

→ Pour Montaigne “barbarie” est donc ce qui est différent, mais pas inférieur aux civilisations européennes. Barbarie, sauvage antonyme de civilisé. La notion de barbarie est subjective, relative et dépend uniquement des habitudes de chacun.

 

Axe II: Deux visions justifiées de violence (Guerres de religion / vie amérindiens)

 

1.- Images Opposée

« Tous nus, n’ayant autres armes que des arcs ou des épées de bois » (l.47)

*Fait penser à la stupidité des européens pour penser qu’un homme nus avec des armes en bois, peut-être plus barbare ou sauvage que un homme avec un armure en fer et aussi avec un épée en fer.

 

         « C’est chose émerveillable » (l.48-49)

*Signe d’admiration, mais utilisée avec ironie parce il l’utilise juste avant de commencer a parler des cas européens àironie pour parler des européens et dire qu’ils se pensent supérieurs et meilleurs mais ils ne le sont pas véritablement.

 

        « …que de la fermeté de leurs combats, qui ne finissent jamais que par meurtre et effusion de sang » (l.49-50)

* ‘critique aux combat européens ’ à il n’aime pas leur façon d’agir àtermes forts comme « meurtre » et « sang » désignent la violence.  

 

2.- Exposition des Barbaries Européens :

L. 46-58 à exposition du rituelle de cannibalisme à l.51 à 57 : vision négative des Portugais et présentation de leurs actions comme une cérémonie.

L. 58-60 à Justification + comparaison des Amérindiens avec un peuple  « barbare » qui luttent contre les Grecs.

       

        « Ce n’est pas comme on pense, pour s’en nourrir, ainsi que faisant anciennement les Scythes, c’est pour représenter une extrême vengeance. » à il defend les amérindiens et critique les européens: ce n’est pas du cannibalisme pour survivre de la part de européens mais de la vengeance

*Comparaison 2 types de violence : Européens à Vengeance

                                                         Amérindiens à Nécessite de subsistance

 

L.60 à « Soit ainsi, ayant aperçu que les Portugais… »

*Insistance, autre exemple d’une mauvaise violence de la part des européens à critique.

 

L.61-62 à Type des tortures Portugaises, avec des hommes vivants.

L.60-70 à Montaigne condamne avec « ironie » la violence européenne.

 

L.70-71 à « Je pense qu’il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu’à le manger mort. » àdéfense des amérindiens, critique aux européen + violence.

·         « manger l’homme vivant » àreproche aux européens et consideration comme “torture” leurs actions.

·         « le manger mort » àaction des amérindiens compare à celle des européens.

 

L. 71-73 à « à déchirer par tourments et par géhennes un coups encore plein de sentiments (…) et aux pourceaux… » [ex. de manger l’homme vivant ] à il pense que c’est plus horrible et barbare ce qui est fait par les européens( “plein de sentiments”) à description par des gradations et comparaison aux amérindiens.

 

L.73-75 à « (comme nous l’avons […]) » àparenthèse joue un rôle important: elle sert à s’adresser aux européens mais aussi à démontrer que ce que l’auteur dit est vrai.

*Montaigne condamne les barbaries des européens comme la guerre des religions. [autre ex, de manger l’homme vivant]

à Violence plus terrible chez les européens à pour Montaigne ce sont eux des vrais cannibales.

èMontaigne ne justifie pas la violence mais il dit que les Européens n’ont pas le droit de parler de violence puisqu’eux-mêmes l’exercent dans les Guerres de Religion.

 

Axe III: Europe v/s Amérique.

→ Comparaison des amérindiens aux fruits sauvages → il les défend et démontre ce qui est vraiment sauvage d’après lui et ce qui ne l’est pas → subjectivité. → La démarche de Montaigne consiste à reprendre le mot sauvages = de la nature et de la forêt - il ne l’utilise pas de manière péjorative → Ce sont eux qui sont sous les lois naturelles des choses → européens sont donc artificiels.

 

Montaigne associe les indiens à la nature.

On pourrait dire qu’il fait un éloge de la nature. “En ceux-là sont vives et vigoureuses les vraies, et plus utiles et naturelles, vertus et propriétés.” (l.9-10)

Autant la civilisation européenne est rabaissée, autant la nature est valorisée.

Utilise du vocabulaire mélioratif, idée positive pour évoquer la nature à« vraies », « utiles », « naturelles ».

Montaigne donne une image positive et souligne l’aspect naturel de leur mode de vie, lequel s’oppose à celle adoptée par les européens.

 

→ Ligne 13 et 17 = notion de bêtise domine ici ; cette notion témoigne d’une condamnation violente de la part de Montaigne.

 

è Ligne 17 : citation en latin « Et les lierres poussent mieux de leur propre mouvement » (Properce, Élégies) àappuie sa thèse : amérindiens sont naturels, européens sont devenus artificiels, ce qui n’est pas correct.

 

→  Le lecteur est frappé par la violence des propos de Montaigne lorsqu’il s’attaque à la civilisation des européens:  la critique consiste a déplorer que les européens s’éloignent de la nature →  “ Détourné” ,” altéré” ,” étouffé” → ce réseau de mots indique une action criminelle qui consiste à transformer la nature au profit des plaisirs → condamnation morale.

→ Il reproche aux européens de ne prendre aucun recul pour juger et leur reproche de s’être éloignés de la nature.

 

→ Description de cette “nation” des amérindiens. On constate l’énumération, une description, et la répétition du mot “nul” pour mettre l’accent sur la différence entre l’Amérique et l’Europe → il n’y a rien de ce qu’il y a en Europe et que les Européens considèrent comme “civilisé”. → l. 35 à 42.

 

→ l.45 : Hos natura modos primùm dedit. → Notion du naturel, libre, qui s’oppose à l’Europe “civilisée” considérée comme “parfaite”.

 

 

Conclusion

 

En conclusion nous pouvons dire que Montaigne défend les amérindiens en remettant en question les notions de civilisation et barbarie que proposent les européens. On constate deux conceptions de « cannibale » finalement : la première correspond au amérindiens, la deuxième aux européens où on peut constater la valorisation des indiens qui sont restés naturels, ce qui s’oppose au peuple européen. Ensuite, il présente sa thèse et ses arguments avec la même violence avec laquelle les européens agissent. Il dénigre sa propre culture (européenne) et la juge inadéquate.  On pourrait penser au mythe du sauvage de Rousseau où l’Homme est bon mais c’est la civilisation qui le corrompt. La société est donc composée d’hommes chassés par la nature déjà influencée par leurs actions.