Nicolás Martin, Cristóbal Huidobro, Enzo Castellaro

           

            On est en présence d'un essai, écrit par le philosophe, écrivain et moraliste de la Renaissance, Michel de Montaigne, qui a pour titre Des Cannibales. Michel de Montaigne est né le 28 février 1533. Il est reconnu surtout pour ses essais qui abordent tout sujet possible, présentés dans le livre éponyme Essais,  écrits depuis 1572 jusqu'à la fin de ses jours en septembre 1592. Ce texte nous présente le point de vue de l'auteur envers le sujet des amérindiens et la conception de qu'il s'agit de cannibales inhumains.

            Quel point de vue a Montaigne envers les indigènes et quels arguments présente-t-il pour affirmer cette position?

            Pour répondre a cette problématique, on analysera tout d'abord la redéfinition des concepts ethnocentriques, l'appui sur la littérature ancienne et les philosophes grecs et ensuite la comparaison entre les amérindiens et la société européenne.

 

            Selon la société européenne, les indigènes américains étaient des sauvages et des barbares, qui n'avaient aucune avance technique ou conception de l'esprit humain. Mais, ces concepts sont dès le début redéfinis par l'auteur: de la ligne 2 à 3, "chacun appelle barbarie, ce qui n'est pas de son usage", le mot barbare est en fait polysémique, ayant plusieurs définitions, tel pour les grecs qui avaient ce mot pour faire référence a quelqu'un qui n'était pas citoyen athénien, puis-ce que barbare vient de "barbaros" qui veut dire "étranger". Montaigne fait alors preuve d'une culture et connaissance, qui lui donnent une plus puissante autorité pour aborder ce sujet.

             On a ensuite de la ligne 6 à 7, "Ils sont sauvages de même que nous appelons sauvages les fruits que nature (...) à produit" suite a cette affirmation, l'auteur fait une analogie entre l'homme et le fruit pour dire ainsi que l'homme qui habite dans la nature est mieux  et plus en contact avec sa vraie identité d'humain. On observe donc un renversement de la perspective envers le sauvage, d'où l'on peut également observer que l'étymologie de sauvage vient du latin médiéval « sylvatica » qui transcrit pour forêt. L'auteur fait preuve à nouveau d'une culture qui affirme sa connaissance au sujet.

            On observe alors que Montaigne, en plus de redéfinir les concepts ethnocentriques, fait preuve d'une culture qui le met au dessus de contrarguments face a cette redéfinition.

On va maintenant analyser l'appui de l'auteur dans les philosophes grecs.

 

            Montaigne en qualité d'homme de lettres cultivé, utilise des arguments anciens qui puissent appuyer sa thèse au sujet des indigènes. On a tout d'abord, de la ligne 17 à 19, une citation en latin "Et veniunt hedera sponte sua melius (...) Et volucres nulla dulcius arte canunt" qui est issu du texte de Properce, Élégies, et qui traduit veut dire que les œuvres les plus belles jamais conçues appartiennent à la nature et non pas à l'artifice de l'homme, ce qui affirme la beauté d'une civilisation en contact direct avec la nature.

            Un autre argument provenant de l'antiquité est l'allusion faite à des philosophes et orateurs comme Platon ou Lycurgue, deux philosophes de la Grèce antique, qui ont écrit au sujet de la vraie nature de l'homme et de ses droits. Cependant, cet argument d'autorité est également questionné, puis-ce que de la ligne 35 à 44, l'auteur imagine une conversation fictive qui finit avec une rhétorique où il demanderait à Platon à quel point trouverait-il que sa conception de la perfection humaine est très éloignée de la réalité expérimentée en Amérique par ses peuples.

            On comprend donc, que Montaigne non seulement s'appui sur des autorités philosophiques, mais il arrive même à affirmer que la fiction de Platon est dépassée par la réalité que la nature à créée. On se concentrera maintenant à analyser la comparaison que l'auteur fait entre la société européenne et les indigènes.

           

            Tout d'abord Montaigne parle au propos de la vie des indigènes, qu'il qualifie de naïve, innocente et privée d'esprit humain, ce qui, selon l'auteur, n'est pas nécessairement négatif. Cette civilisation "si pure et si simple" (ligne 34) viendrait alors à être privée de la connaissance des afflictions que l'esprit humain comporte, en faisant alors une contradiction avec la pensée de que la "civilisation" est meilleure que le "sauvagisme".

            On observe encore, au dernier paragraphe du texte, différents procédés qui feront la différence entre la violence de l’indigène et la violence européenne. Ligne 49 "chose émerveillable", ligne 52 "bien traité leurs prisonniers", l'auteur décrit que même en temps de guerre, ces "sauvages" sont plus humains que les êtres civilisés, tels le portugais, qui utilisent des formes de massacre qui sont décrites en détail de la ligne 60 à 64, pour faire emphase à leur cruauté et affirmer que ce sont les indigènes qui se sont adaptés a cette violence, qui leur était avant inconnue.

            On observe également l'utilisation d'un euphémisme a la ligne 57 "l'assomment à coups d'épée" au lieu de dire qu'ils tuent leur ennemi à coups; ainsi qu'une hyperbole a la ligne 60 "représenter une extrême vengeance" pour justifier que la violence des amérindiens est seulement présente quand elle est nécessaire.

            Finalement, on constate que la seule allusion au cannibalisme des indigènes est présente à la ligne 57 "cela fait, ils le rôtissent, et en mangent en commun" ce qui se voit même décrit comme un acte civilisé, puis-ce que les indiens ont même le besoin de partager avec leurs amis et collègues, les restes de leur ennemi, qui est mort de façon honorée, ce qui crée un contraste avec la conception typique de l'Europe envers ces actes, en étant que même leurs peuples originaires étaient plus violents.

            En conclusion, on observe bien que le point de vue de Michel de Montaigne envers le indiens de l'Amérique est positif, est qu'il maintient une vision humanitaire envers eux et leur culture. Montaigne utilise plusieurs arguments, surtout comparatifs et d'autorité pour affirmer sa thèse et même faire questionner le lecteur de l'époque a propos des concepts ethnocentriques, pour ainsi donner une vision plus étendue du monde.

            Pour ouverture, on pourrait ce demander: Est-ce que le titre Des Cannibales ne serait plutôt une référence pour qualifier la société européenne?

Des cannibales

Michel de Montaigne est née en 1533 en France et mort en 1592. Il était un écrivain et philosophe humaniste. Il a passé 20 ans à rédiger  Les Essais, qui combinent des remarques générales et une analyse approfondie de sa vie et de ses idées.

Les Essais sont l'œuvre majeure de  Montaigne à laquelle il travaille de 1572 jusqu'à sa mort. Ils traitent de tous les sujets possibles,  sans ordre apparent : médecine, livres, affaires domestiques, chevaux, maladies, entre autres.

Ce texte est un extrait du chapitre « des cannibales » des Essais de Montaigne écrits au XVIème siècle, en plein milieu des guerres de religion et de l’expansion de l’Europe vers le nouveau monde.

Pb : Comment l’auteur défend les amérindiens et remet en question la société européenne dans cet extrait ?

Pour répondre à la problématique nous verrons en premier temps la défense des sauvages puis la critique de la société contemporaine et finalement le concept de civilisation.

 

        I.            Défense des sauvages

Pour commencer, Montaigne cherche à défendre les amérindiens  et remet en question la connotation péjorative des mots « barbares » et sauvages » deux termes attribues aux amérindiens. “Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation.” (l.1-2) celle-ci est la thèse défendue par Montaigne.

Montaigne définit le terme « barbare » comme  «  ce qui n’est pas de son usage» donc chacun juge les autres société selon sa propre société.

Pour les européens les amérindiens sont sauvages, barbares, inférieurs à cause de l’incapacité d’avoir une civilisation comme la sienne.

 Aux lignes 3 et 4 on retrouve un Message avec une morale pour critiquer les européens: “Comme de vrai, nous n’avons autre mire de la vérité et de la raison, que l’exemple et idée des opinions et usances du pays où nous sommes.”   Il dit donc que les européens se trompent lorsqu’ils critiquent les amérindiens.

On retrouve à la ligne 30 « Lycurgue et Platon » argument d’autorité pour montrer la perfection des sauvages.  Puis aux lignes 42-43 « combien [...] Perfection ? » celle-ci est une question rhétorique pour faire une emphase sur leur perfection.

De la ligne 46 à 48 il y a une description des combats sauvages pour montrer l’aspect courageux des amérindiens.

On retrouve aussi un éloge des sauvages aux lignes 52-53 « bien traité leurs prisonniers […] aviser » pour mettre en valeur l’aspect respectueux des amérindiens.

On peut donc dire que Montaigne nous montre la polysémie du mot barbare et qu’il n’est pas nécessairement péjoratif. Il nous montre aussi que le mode de vie des Amérindiens est presque parfait et donc, il n’est pas inférieur à celui des européens.

 

      II.            critique de la société contemporaine

À la ligne 5 on retrouve la répétition ironique du mot parfait : « Là es toujours la parfaite religion, parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses »  pour montrer que la société européenne est loin d’être parfaite.

A la ligne 48 on retrouve une critique des combats européens « que de la fermeté de leur combats, que ne finissent jamais  que par meurtre et effusion de sang »  on retrouve aussi  une hyperbole dans cette phrase « ne finissent jamais » pour faire une emphase sur la violence dans leurs combats.

L.62-63 : «  les enterrer jusques a la ceinture et tirer au demeurant du corps force coups de trait » M. dénonce à nouveau la violence des européens en nous décrivent   les  tortures Portugaises, avec des hommes vivants.

Dans les lignes .70-71  « Je pense qu’il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu’à le manger mort. » Ici Montaigne  défend des amérindiens, et fait une critique aux européen. Car il compare l’action de manger l’homme mort commis par les amérindiens à l’action de manger l’homme vivant action commise par les européens.

L.73-75 on retrouve une parenthèse qui dit « (comme nous l’avons vu […]) » Cette parenthèse est très importante, elle sert à démontrer que ce que l’auteur dit est vrai.

L 74 75 : « entre des voisins et concitoyens, et qui pis est, sous prétexte de piété et de religion ». Cette phrase fait allusion a la guerre des religions en France. Montaigne condamne les barbaries des européens dans cette guerre.  Selon Montaigne, les européens  sont les vrais cannibales.

Montaigne critique la société contemporaine en montrent la violence des Européens dans leurs combats, et nous montre que les vrais barbares sont eux.

 

    III.            concept de civilisation

On retrouve de la ligne 6 a la ligne 9 « ils sont sauvages de même que nous appelons sauvages les fruits de la nature de soi et de son progrès ordinaire a produits : là où à la vérité ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de l’ordre commun que nous devrions appeler plutôt sauvages » Ici on retrouve un raisonnement par analogie, l’homme sauvage est égal au fruit sauvage donc il est pur. L’homme civilisé est égal au fruit cultivé. la civilisation altère l’essence humaine, donc l’homme européen est plutôt artificiel.

 Montaigne associe les indiens à la nature, il fait un éloge de la nature. “En ceux-là sont vives et vigoureuses les vraies, et plus utiles et naturelles, vertus et propriétés.” (l.9-10) 

Il Utilise un  vocabulaire mélioratif, « vraies », « utiles », « naturelles ».

Montaigne nous montre  une image positive des amérindiens et souligne leur mode de vie qui est porche a la nature, lequel s’oppose complétement  à celui des européens.

On retrouve à la Ligne 17 un argument d’autorité sur lequel Montaigne appui sa thèse « Et les lierres poussent mieux de leur propre mouvement » Les amérindiens sont naturels, et les européens sont devenus artificiels.

De la ligne 36 à 40, on retrouve une répétition du mot nul : « nulle connaissance de lettres, nulle science de nombres, nul nom des magistrats, nul contrats, nulles successions, nuls partages,  nulles occupations. Etc.  Cette répétition sert à faire emphase sur le fait de la condition humaine idéale, laquelle correspond au temps où la civilisation n’existait pas encore. Il faut donc retrouver la pureté des origines en enlevant toutes les inventions artificielles crée par l’homme.

 

Conclusion

En conclusion nous pouvons dire que Montaigne défend les amérindiens en remettant en question les notions de civilisation et barbarie que proposent les européens. On peut donc dire que Montaigne nous montre que les hommes dites civilisés sont vraiment les barbares car ils cherchent à dégrader la perfection de la nature, alors que les hommes du nouveau monde vive en harmonie avec elle. Il fait un éloge aussi de la nature en opposition aux préjugés de l’époque qui jugent la civilisation comme indispensable pour avoir une heureuse condition humaine.

On peut comparer la pensée de Montaigne à celle de Rousseau qui dit «  L’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt »