Illusions perdues

Par Daniela Silva Bendjina Delus Francisca Ordenes Monica Heine

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         Ce texte est un extrait d´un des plus longs romans de la comédie humaine d´Honoré Balzac, écrivain né en 1799 et mort en 1850.

Cet œuvre comprend trois parties, rédigées par Balzac en 1837 et 1838 pour les deux premières parties et en 1843 pour la troisième. Dédié á Victor Hugo il fait partie du grand ensemble des études de mœurs et plus précisément des scènes de la vie de province. En s´inspirant par son expérience d´imprimeur, de journaliste et d’écrivain, il raconte l´échec de Lucien, un jeune provincial, venu à Paris  dans le but de faire face au monde littéraire.

Pour se faire connaitre il a proposé son roman historique au libraire Doguerau, un libraire reconnu. Dans cet extrait, Celui-ci, convaincu du talent de Lucien, vient lui proposer un contrat. En se rendant compte du dénuement du jeune écrivain, il revoit au fur et à mesure le montant qu’il va proposer à ce « Walter Scott  en herbe »

                Nous essaierons donc de voir en quoi Lucien et Doguereau sont présentés ici comme deux personnages antithétiques.

Pour ce faire, nous étudierons tout d´abord le portrait de Doguereau en se focalisant sur son influence de libraire et sa petitesse et ensuite, on analysera le portrait de Lucien en se focalisant sur sa misère et son esprit talentueux.

 

 

                Premièrement tout au début du texte on remarque l´article défini « le» L.1 : on peut remarquer que Doguereau est un libraire connu, et reconnu. A la même ligne on retrouve l´adjectif « vieux » pour le qualifier, cela révèle qu´il possède une grande expérience et est sans doute un expert dans son travail de libraire. Cet adjectif « vieux » est encore associé à l’animalisation « renard ». Cela révèle donc chez ce personnage une certaine habileté, de la ruse même. On voit donc ici que notre libraire, quand il en a l’opportunité, cherche à profiter de la situation. Cela se confirme par les fausses excuses qu’il avance pour justifier la diminution de la somme qu’il veut consacrer à l’achat du roman de Julien L8 et 9 « Un jeune homme logé-là n´a que des gouts modestes […] je peux en lui donner que…», La négative restrictive "ne que" insistant ici sur le maigre salaire envisagé par Doguereau. L14 encore avec la forme hypothétique « s´il gagnait trop d´argent, il se dissiperait, il ne travaillerait plus », on voit qu’il ne s’appuie sur aucun fait concret pour justifier la diminution de la rétribution envisagée.

                On remarque également un double mouvement. Au fur et à mesure qu’il découvre le dénuement de Lucien, il revoie ce qu’il est prêt à payer pour « L’Archer de Charles IX »  Lignes 5 et 6 «vint à l’hôtel […] il était décidé à payer mille francs » , L.8 à 10 « En voyant l’hôtel […]Je ne peux lui donner que huit cents francs », puis encore lorsqu’il apprend que le jeune homme vit au quatrième et dernier étage L11 et 12 « Au quatrième !» «  Le libraire leva le nez, et n’aperçut que le ciel au-dessus du quatrième »  « Je lui offrirai six cents francs ». Enfin, lorsqu’il découvre le logement de Lucien L. 16 « la chambre était d’une nudité désespérante » il fixe le prix définitif à 400 francs L33 « je vous l’achète 400 francs ». On voit donc bien au travers ce double mouvement la manière dont Doguereau profite de la pauvreté du jeune homme pour réduire encore le prix qu’il est prêt à payer. Cela montre bien son manque de scrupule et son intérêt sans mesure pour l’argent.

                On voit ensuite la duplicité du personnage ; il maîtrise parfaitement l’art de la négociation, usant de la flatterie en comparant le cadre de vie de Lucien à Rousseau L20-21 « Voilà, Monsieur, comment vivait Jean Jacques » -lui permettant en même temps de justifier par avance la modique somme qu’il va proposer - tout en prenant soin de ne pas faire trop de compliments au jeune homme avec l’euphémisme  « votre roman n’est pas mal » L25.

                On note enfin que le narrateur prend une position clairement négative vis à vis de notre libraire. Les choix de l’animalisation « vieux renard » L8, et de l’adjectif « mielleux » pour caractériser le ton de Doguereau le montre très clairement.

Ainsi, tout dans le portrait de Doguereau nous montre un homme presque méprisable, dont la seule préoccupation semble être l'appât du gain, et qui est prêt à tous les mensonges pour parvenir à ses fins. Le jeune Lucien quant à lui, parait être l'opposé total du libraire.

 

 

                On va tout d’abord s’intéresser à sa condition sociale. Lucien nous est présenté  comme un homme qui vit dans la misère grâce « Le libraire leva le nez, et n´aperçut que le ciel au-dessus du quatrième » L. 12. Cet euphémisme  nous fait comprendre que  Lucien vit au dernier étage et qu’il est donc vraiment pauvre car ce sont les femmes de chambre qui vivent dans les derniers étages à cette époque. Mais on n´a pas seulement les pensées de Doguereau, on a aussi la prise de position de narrateur où il nous présente l´endroit où vit Lucien L.16 « La chambre était d´une nudité désespérante » ; l’adjectif ici sert à créer une certaine empathie envers le personnage.  On a encore L17« Il y avait sur la table un bol de lait et une flute de deux sous » : Cette description nous informe sur le degré de misère ou vivait Lucien dans son appartement. Le narrateur l’accentue en nous donnant la valeur de la « Flute » ; Lucien vit dans une extrême pauvreté.

                Cependant la misère de Lucien ne l´empêchait pas d´avoir un esprit talentueux. Les paroles rapportées au style direct à la ligne 26 « J´ai été professeur de rhétorique, je connais l´histoire de France » nous prête à croire que non seulement il est expert dans son travail de libraire, mais qu’il a aussi des connaissances dans le domaine de la littérature ce qui lui permettra d´évaluer plus facilement l ´œuvre de Lucien. Cela nous permet également voir que c’est un connaisseur et que son jugement sur l’œuvre de Lucien est solide. On le note par la gradation de la pensée de Doguereau aux lignes 1-2 et 3 «  surpris du style... » « Enchante de l´exagération… »  « Frappé de la fougue d´imagination… » Non seulement cette gradation nous le prouve mais aussi Doguereau en tant qu´expert et avoir des connaissances en littérature n´avait pas hésité á engager Lucien dans un traité sans même hésiter «  Il était décidé (…) et à lier Lucien par un traité pour plusieurs ouvrages » L.6 mais aussi les hyperboles utilisées aussi pour designer Lucien nous montre le degré de connaissance de Lucien  ‘Walter Scot en herbe’ L.6 ‘Jean-Jacques Rousseau’ L.21. Il est considère et compare á un romancier écossais du début de XIX siècle qui a lancé la mode du roman historique même pour décrire son mode de vie Doguereau préfère lui comparé á Jean-Jacques Rousseau. Enfin on a l´intervention aussi du narrateur qui lui considère comme un « génie » L.17 donc on peut en conclure que Lucien est très talentueux.

 

 

                En conclusion on peut voir que Lucien et Doguereau sont deux personnages antithétiques où Doguereau a de l´argent, il vit aisément mais sa petitesse le présente comme un « marchand de tapis », un profiteur tandis que Lucien  lui de son côté est pauvre, il vit dans la misère mais son esprit talentueux le présente comme un grand homme d´où nous lecteurs on ressentira un sentiment d´injustice par le rôle de Lucien où Doguereau profite que de Lucien sans se soucier de ses connaissances et de l´excellence de l œuvre.