Monica Heine

Benjamin Miranda

Francisca Corona

Commentaire Phèdre – La Negresse Blonde

 


George Fourest, écrivain et poète français (né le 6 avril 1867 et mort à Paris le 25 janvier 1945), est l’auteur de deux recueils de poèmes inspirés sur des œuvres de grands auteurs comme Corneille, Racine et Victor Hugo, mais réécrites de façon burlesque.  Un de ces recueils s’intitule La Négresse Blonde  et a été publié en 1909 : là,  Fourest s’amuse à élaborer des résumés parodiques des grandes pièces de théâtre et des pastiches des poète du XIX siècle. Parmi ces œuvres, il prend l’œuvre de théâtre de Jean Racine, Phèdre où il créée une parodie dans un vocabulaire populaire, pour des personnages qui appartenaient à la noblesse dans l’œuvre originale. Dans l’extrait étudié, Phèdre lui avoue son amour sauvage à Hyppolite, le fils de son époux Thésée qui paraissait être mort.

 De quelle manière c’est extrait est une réinvention de Phèdre de Jean Racine et nous présent une nouvelle conception de l’œuvre ?

Pour arriver à répondre cette problématique nous allons aborder dans un premier temps les caractéristiques de la parodie ici présentes, puis on fera la comparaison entre l’aveu de Phèdre de Racine et celui de Fourest, et finalement,  comment nous sont présentés les personnages et quelle est l’image qu’on peut tirer de chacun.

Axe I – Les caractéristiques de la parodie

Pour ce 1er axe on peut trouver des procédés qui jouent un rôle important sûr les éléments qui forment partie de la parodie, comme par exemple :

  • ·        

« Tandis que sa nourrice Oenonne none eunone » v.5 qui en plus se complémente avec le v.7 et v.8 « Se compose un maintien de nonne », « Et marmonne… » Où tous les mots avec sonorité «nonne » sont utilisés pour faire référence au personnage de Oenonne, mais Fourest ne joue pas seulement avec la sonorité sinon aussi avec les significat des mots, comme par exemple le mot « none » v.5 fait référence à les prier des sœurs et le mot « nonne » Vien pour appeler aux dames qui habits tout leur vie à l’église. Alors sur le jeu de sonorité on peut tomber dans des significat qui peuvent finir par qualifier et nous donner une image des personnages. Et le même cas on peut voir au v.9 et v.11 « Elle fait venir Hippolyte », « … un jeune homme d’élite »

·Registre Populaire + Parodie + Réécriture :

« Sans doute un marron sur la trogne » périphrase v.17

« Lui fit passer le goût de pain » euphémisme v.18

« Coureur et poseur de lapin » Langage populaire v.20

« Dans mon lit nos petits dodos ! » Langage populaire v.30

« Du jeu de la bête a deux dos ? » Langage populaire v.32

« Que vous blaguez en ce moment ! »Langage populaire v.32

« Que vous blaguez en ce moment ! » Langage populaire v.38



Tous ces éléments font partie d’un registre adopté par l’auteur pour arriver à créer un proximité avec le lecteur et aussi de faire rire que opté par des personnages qui si bien font partie de la noblesse dans l’œuvre de Racine, dans sa réécriture Fourest les prend comme des personnes ‘’normales’’.

 

ll. Comparaison Phèdre de Racine et Phèdre de Fourest.

Phèdre - Racine

Phèdre - Fourest

àVers alexandrins majoritairement

àVers octosyllabes = forme fixe

Structure parfaite, vers parfois séparés en

"Elle nous tiendra la chandelle

deux hémistiches de 6 syllabes par une virgule.

Et nous fera bouillir l'eau" (v.27-28)

"Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine."

 

(v.25)

Vers aussi séparés par une virgule en créant

à Aussi les vers son séparés en 4 parties de

deux hémistiches impairs.

3 syllabes par des virgules = structure parfaite

"Hein petit cochon, que t'en semble," (v.31)

3 x 4 à Triangle (référence religieuse) et le

à un hémistiche de 5 syllabes,et l'autre de 3.

carré (quatre côtés, figure parfaite)

on constate donc un déséquilibre.

"J'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les

 

larmes." (v.29) à rythme et musicalité.

 

 

 

Utilisation des vers octosyllabes et décasyllabes

 

"Ah! Cruel, tu m'as trop entendue." (v.9)

 

 Cela nous dit que le texte de Racine cherche la perfection : c’est un texte originel, tandis que le texte de Fourest c’est un réecriture et une parodie de celui-ci, et même s’il cherche cette « perfection », il ne l’atteint pas vraiment.

Structure 

 

àHippolyte : 2 reprises.

àHippolyte: 1 tirade

àPhèdre: 1 reprise, et 1 tirade

àPhèdre: 1 tirade

àPas des indications scéniques ou un narrateur

àNarrateur qui situe l'action et raconte ce

qui situe l'action.

qui se passe lors de l'aveu de Phèdre.

 

"À cette tirade insolite (…) Hippolyte répondit"

 

(v.33 à 36)

Dans le texte de Racine, on n’a pas besoin de donner des indications et d’informer le lecteur sur la situation puisque c’est un extrait d’œuvre. Le texte de Fourest doit rappeler au lecteur la situation puisque c’est une réécriture parodique et c’est un texte unique qui n’appartient pas à une œuvre de théâtre comme le premier texte.

De plus, la tirade d’Hippolyte, inexistante dans le texte de Racine, sert ici à démontrer le comique de l’aveu: Hippolyte ne devrait pas répondre à Phèdre et la ridiculiser comme il le fait.
L’opinion du fils de Thésée fait partie du comique et de la parodie.

 

Rimes plates AABB

Rimes croisées ABAB

"(…) mémoire

"(…) vagabonde,

(…) gloire?

(…) parti;

(…) rougissant,

(…) monde;

(…) innocent." (v3 à 6)

(…) parti! " (v.13 à 16)

Rimes masculines prédominantes

Rimes féminines prédominantes.

> rimes terminées en lettre consonante (n, r , t)

> rimes qui se terminent par un "e" muet.

et "é" . > prononciation forte.

"ivrogne" (v.19); "volage" (v.21) ; "pucelage"

"fureur" (v.11) ; "raison" (v.14); "jour" (v.35)

(v.23) ; "bromure" (v47)

"chassé" (v.23).

Rimes riches

Rimes riches

"Putiphar - Nénuphar" (v.46-48)

On constate la reprise d'au moins trois phonèmes.

"cruelle - mortelle" (v.19 et 20)

 

 

On peut constater que Fourest n’utilise pas les mêmes rimes que Racine : il marque son propre style, lequel n’est pas si « ordonné » comme l’est celui de la rime plate. De plus, l’utilisation des rimes masculines chez Racine pourrait symboliser le caractère fort et dur de cet aveu, lequel crée un grand problème : il utilise des sons très forts et qui doivent se prononcer : ce n’est pas une ambiance calme. Chez Fourest, l’utilisation de rimes féminines marque la douceur, qui pourrait s’interpréter comme le manque de ce caractère fort qui marque l’aveu puisque dans ce texte, l’aveu et l’amour de Phèdre sont ridiculisés et doivent être comiques.

 

 

èOn peut observer que Fourest fait recours à certaines expressions du texte de Racine pour les utiliser dans le sien : la périphrase « Fils de l’amazone » (v10) nous indique de qui il parle vraiment et fait référence au texte originel auquel appartient cette parodie. De plus, cela invite le lecteur à se rappeler de l’histoire de Phèdre et de cet aveu pour qu’il puisse les comparer et comprendre et s’amuser avec ce résumé parodique.

èApposition «,un jeune homme d’élite, » (v.11) à fait référence au « prince » (Hippolyte) duquel Phèdre parle dans l’extrait de Racine.

Utilisation des signes ( ! , ? , …)

à Chez Racine, on observe seulement des points d’interrogation ( ?), lesquels sont utilisés dans des questions (parfois rhétoriques) qui créent cet effet de suspens et de tragédie : « Madame, oubliez-vous que Thésée est mon père, et qu’il est votre époux ? » (v.1-2) . L’unique point d’exclamation est utilisé par Phèdre lorsqu’elle commence sa tirade et se trouve étonnée par la réaction d’Hippolyte.

àÀ contrario, dans le texte de La Négresse Blonde, on ne constate qu’un point d’interrogation et plusieurs points d’exclamation de la part des deux personnages. Ces derniers sont utilisés dans les phrases où Phèdre invite Hippolyte à vivre cet amour : « Ne sera pas un grand pêché ! » (v22) ; « Et nous fera bouillir de l’eau » (v.28). Dans le cas d’Hippolyte, il utilise des phrases exclamatives pour démontrer sa colère et l’impression que l’aveu de Phèdre lui a causé : il s’adresse de cette manière pour lui démontrer que d’après lui, elle est folle : « Que vous blaguez, en ce moment ! » (v.28) ; « Dégoûterais la Putiphar ! » (v.46)

 

On peut donc conclure :

Fourest cherche à maintenir la structure de Racine mais en la ridiculisant, il fait le contraire de ce qui avait été fait. De cette manière, il marquera la différence entre les deux textes pour démontrer que c’est une réécriture parodique.

 

 

Axe III: La réinvention des personnages par Fourest.


1.- Une conception différente de Phèdre et Hippolyte.

Même avec une structure similaire, on trouve des différences remarquables sur les attitudes et personnalités des personnages dans ce passage.

-On retrouve une caractérisation de Phèdre très ridiculisée et comique en comparaison avec le ton tragique et mélancolique de l’original : « Dans mon lit nos petits dodos ! » (v.30)
àIci, on constate la manque de gravité de Phèdre comme le mot « dodos », qui remplace le verbe dormir, qu’est une expression infantile et peut sérieuse si on considère qu’Hippolyte viens d’être informé sur la mort de son père, on dirait que Phèdre se comporte d’une manière insensible vers cette situation :

« Il fut ivrogne » (v.19) à Une marque d’insensibilité et peut de respect vers les morts, Thésée en général.

-Le caractère d’Hippolyte a été altéré aussi, on parle de lui comme « jeune homme d’élite» (v.11), mais sa réaction vers l’aveu de Phèdre est bien plus burlesque : « J’espère que vous blaguez, en ce moment! » (v.37/38)

àDans ce vers, on constate l’étonnement d’Hippolyte grâce au « ! ».-Aussi on peut constater un certain manque de respect d’Hippolyte: « Prenez un gramme de bromure » (v. 47). Là, Hippolyte dit à Phèdre de se calmer, façon directe de référencier les envies sexuelles de Phèdre.


2.- Une opposition entre les personnages (Phèdre ≠ Hippolyte)


Au cours du passage, on nous donne à voir deux points de vue différents sur la situation dans laquelle Hippolyte et Phèdre se trouvent.


-Dans un premier point, on à Phèdre, qui va avouer a Hippolyte son amour, maintenant que son époux, Thésée est mort, ici on peut constater la conception que Phèdre a d’Hippolyte : « Hein petit cochon » (v. 31). Ici, Phèdre traite Hippolyte comme un bébé, elle lui parle avec la combinaison adj.(petit) + cochon, c’est un diminutif vers Hippolyte.

« Mon très cher garçon » (v.12)à là on a un autre exemple du point d’avant, on pourrait affirmer que Phèdre se voit comme supérieur dû à l’âge d’Hippolyte.

Dans un même plan, après les remarques de Phèdre qui laissent Hippolyte comme un jeune garçon sans expérience dans des relations, Hippolyte répond avec sa propre tirade où il fait des commentaires sur l’âge de Phèdre.

Avec le mot « maman » il nous laisse voir une possible différence d’âge entre les deux personnages, Phèdre pourrait être sa mère.

-Ensuite on trouve deux visions différentes vers Thésée, Phèdre essaye de lui dire à Hippolyte que son père est mort, elle approche la situation on annonçant sa mort par des euphémismes « On dit qu’il est dans l’autre monde » (v.15), mais après annoncer cela, elle prend une attitude qu’attaque Thésée et sa manière d’être, cela on le constate : « Il fut ivrogne, coureur et poseur de lapin » (v.19/20)


àElle insulte le décédé en donnant une image d’une personne déplorable dans sa vie.
-A contrario, Hippolyte a du respect pour son père: « Je veux honorer mon père » (v.39)
à Thésée est son modèle a suivre, ce qu’il veut achever dans sa vie.
-« À la cour brillante et sonore » (v.41)
à On constate, dans cet autre passage, qu’il éloge son père, il donne des traits positives de lui.

On montre deux visions personnelles de Thésée, par deux personnages qui paraissent être complètement opposés.


3.- Invitation à la complicité et réaction.


Comme dans la scène originale, cette scène nous montre l’aveu de Phèdre a Hippolyte, ici on à la même scène mais réécrite par Fourest en adhérant un effet burlesque et parodique.
-Comme on a déjà remarqué, ici, Phèdre, invite Hippolyte a la complicité entre eux, et aussi on peut constater la réaction d’Hippolyte face à « cette tirade insolite ». On commence avec l’avoue comique que Phèdre fait d’une manière très directe : « Donnez-moi votre pucelage » (v.23).


àDans ce passage, Phèdre demande a Hippolyte sa virginité, et elle insiste sur cette idée après dans le vers 32 « Du jeu de la bête à deux dos? », un autre euphémisme qui maintenant, grâce au « ? », devient plus une suggestion que quelque chose d’autre.
-Après on a la réaction d’Hippolyte : « J’espère que vous blaguez » (v.37/38).
àIl ne le croit pas, il l’appelle « maman », on nous donne une image de possible inceste (tabou), il rejet cette idée en remarquant qu’il veut honorer son père pour après prendre une posture plus agressif du vers 45 au vers 48, où il lui demande de se calmer et on pourrait déduire aussi, de se suicider.


On dirait que Phèdre approche cette situation d’une manière directe et ridicule (propre de la parodie), et qu’Hippolyte se trouve dans une situation insolite et rejet complètement cette idée de complicité entre eux.

 



En conclusion, pour répondre à la question posée, nous pouvons dire que cet extrait est une réinvention de Phèdre de Racine puisque c’est une réécriture de cette œuvre. Elle n’est pas exacte puisqu’elle vise à parodier l’œuvre théâtrale et à ridiculiser l’aveu et l’amour de Phèdre. Phèdre de Fourest raconte la même scène que celle de Racine lors de l’aveu, mais elle a des caractéristiques comiques et non tragiques comme c’est le cas de l’extrait de Racine. Ici, les personnages s’expriment d’une façon familière pour démontrer que ce texte ne cherche pas à prendre au sérieux la situation : cela crée une nouvelle conception de l’œuvre chez le lecteur, lequel pourra analyser et prendre la décision de considérer cet aveu comme tragique ou comique.